Idara - Les funérailles de Zulran, deuxième partie
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"Alors, tu viens?" demanda Idara.Ses mots me sortirent de ma transe. Je me forçai à regarder ailleurs, vers la pièce sombre derrière elle.
Mon père me regarda brièvement. "Tu as un souci, mon fils ?" me demanda-t-il. Il posa sa main sur mon bras. "Tu te rappelles Idara, n'est-ce pas ?"
Bien sûr que je me souvenais d'Idara. Cependant, quand nous avons quitté Ahgram, elle était… différente.
Idara me tendit la main, et après un moment je la lui pris. Elle était froide au toucher, une peau si douce que je ne l'oublierais pas de sitôt. Sans y faire attention, mes doigts s'attardèrent sur les siens pendant un long moment.
"Cela fait si longtemps, Tanir," me dit-elle en souriant. "Entre, je t'en prie. Tu dois être fatigué de ton voyage. J'ai fait du thé."
Je répondis par un hochement de tête. Mon père intervint. "Merci, Idara. Excuse les manières de Tanir." Il me lança un regard furibond. "Apparemment le soleil lui a tapé sur la tête." Il fit signe à Idara de nous indiquer le chemin.
Nous entrâmes dans la petite maison et je fermai la porte derrière nous. Alors que mes yeux s'adaptaient à la pénombre, je vis un vieil homme assis à une table. Il ressemblait à un magistrat, ou à un percepteur. Il était vêtu d'une robe noire, et une barbe bien entretenue cachait en partie l'expression aigre de son visage. En face de lui se trouvaient plusieurs parchemins et une plume.
"Voici Kahlil," murmure Idara, nous présentant son invité. "Il est ici pour… régler les comptes de mon père."
Mon père s'assit à l'opposé de Kahlil et écarta les parchemins. "Mon ami," commença mon père, "n'y aurait-il pas un meilleur moment pour faire vos comptes ? Zulran n'a pas encore été enterré que déjà vous demandez à être payé ?"
Kahlil regarda mon père, le mépris se lisant dans ses yeux. "Mon travail vient en premier et ne vous regarde en rien. Zulran a contracté trop de dettes." L'homme commença à ranger ses parchemins. "Nous en avons fini… pour le moment. Mais il y a encore beaucoup de comptes à équilibrer."
Kahlil se leva, rassembla ses parchemins et sa plume et commença à les ranger dans un sac. "Je reviendrai après les funérailles," lança t-il à Idara en ricanant. "J'espère qu'alors vous serez disponible." Il sorti alors d'une démarche raide.
"Quel homme désagréable !" s'exclama mon père alors qu'il se levait de table, en agitant les bras. "Ahgram est donc tombée aussi bas ? Traiter un marchand comme un simple mendiant, et se moquer de la période de deuil ?" La voix de mon père monta d'un ton, et son visage s'empourpra.
Idara alla le réconforter, posant ses mains sur ses bras et les lui ramenant le long du corps. "S'il te plait, calme-toi, mon oncle. Les choses ont bien changé depuis ta dernière visite. Dans beaucoup de domaines." Idara lâcha mon père et s'assit, lui enjoignant de la rejoindre. "L'entreprise de mon père a connu des ennuis il y a déjà quelque temps. Il n'a jamais voulu que vous le sachiez."
"Que s'est-il passé, mon enfant ?" demanda mon père, consterné.
"Son goût pour les profits l'a piégé," expliqua Idara. "Il y a de cela quelques années, il commença à vendre des épices. Cependant, la Compagnie Commerciale de Zephyr avait la main mise sur ce marché."
"Mais il était un marchand de lin," m'exclamai-je tout en amenant une chaise près de la table. "Pourquoi a-t-il voulu les concurrencer ?"
Idara me regarda. Je sentis son regard s'attarder sur moi, et il s'adoucit alors qu'elle répondit. "Ce n'était pas le choix le plus judicieux, mais il ne se contentait pas des profits d'un seul produit. Il en voulait toujours plus. Il a toujours été comme ça," ajouta-t-elle doucement.
"Et puis ?" demanda mon père. "Un seul revers de fortune n'a certainement pas pu le détruire à ce point. Il avait toujours des réserves."
"Effectivement. Cependant, ce n'était pas juste un revers de fortune. Les épices qu'il vendait venaient du marché noir. Ca lui permettait de les vendre en dessous du prix de Zephyr."
Idara attrapa deux tasses de thé d'un coin de la table et nous en offrit une à chacun. Ses doigts effleurèrent les miens alors qu'elle me tendait ma tasse, et nous restâmes comme ça pendant un long moment. Elle semblait perdue dans ses pensées tandis que ses doigts couraient le long de ma main, et elle me regarda. Quand elle eut atteint le bout de mes doigts, elle sortit de sa rêverie et retira sa main, me souriant rapidement. Le doux souvenir de son toucher resta sur ma peau.
Revenant à notre conversation, elle continua. "Les gens de Zephyr ont découvert son trafic. Ils ont usé de leur influence auprès du Conseil, et un matin, nos entrepôts ont été saisis. On ne pouvait pas payer les taxes demandées, et toutes les épices ont été confisquées."
"Il est évident qu'ils se sont retrouvés dans les magasins de Zephyr," ajouta mon père sèchement.
"Oh oui," dit-elle, en fronçant les sourcils. "On a dû aussi subir une amende exorbitante que nous ne pouvions payer. On a été obligé de tout vendre à l'exception d'un seul entrepôt, et toute la marchandise à une fraction de sa valeur." Des larmes apparurent dans ses yeux. La douleur, bien que vieille de plusieurs années, était encore présente en elle.
"Mon père est mort ce jour là. Pas physiquement, mais sa vie s'acheva de la même manière. Il ne possédait plus rien. Il avait tellement honte."
"Qu'est-il arrivé à vos contrats sur le lin ?" demanda mon père.
La plupart des tisserands nous ont quittés parce que nous n'avions plus de quoi les payer. Sans eux, nous avons été incapable d'honorer nos engagements."
"Pourquoi ne m'a-t-il pas écrit ?" demanda mon père. "J'étais submergé de travail, j'aurais pu lui en donner, surtout à Ahgram."
"Il avait tellement honte, surtout après en avoir entendu tellement sur ton succès à Khal." Elle commença alors à nous dire de quelle manière Zulran avait tenté de faire appel au Conseil à propos de sa situation. Toutefois, comme il n'était pas né à Ahgram et n'avait pas payé la taxe de citoyenneté, il n'avait pas le droit d'être représenté au sein du Conseil. Il était autorisé à posséder une entreprise et à payer les taxes parfois excessives qui permettaient à la ville de fonctionner, mais il n'avait aucun recours légal. Idara ajouta que la plupart des habitants d'Ahgram, dont toutes les femmes, étaient dans une situation similaire. En fait, ses propres études avaient du être interrompues parce qu'elle n'était pas citoyenne, bien que née à Ahgram. Dernièrement, il semblerait que la citoyenneté soit accordée principalement à ceux qui savaient le mieux corrompre les officiels.
Comme nous en revenions à l'argent, je lui demandai. "Si je puis me permettre, combien doit-il encore ? Pouvons-nous t'aider ?" Mon père me foudroya du regard. J'avais outrepassé mes prérogatives en le lui demandant.
"Nous devons plus que nous ne possédons," répondit-elle. "Le lendemain des funérailles, cette maison appartiendra au maître de Khalil." Idara me prit les mains. "Je te remercie de ton offre. Mais je pense qu'il est temps pour moi d'abandonner cette vie de marchand. Je n'étais pas faite pour ça." Idara se leva, toute trace de mélancolie disparue, et ses yeux brillèrent d'un nouvel éclat. "Venez, laissez-moi vous montrer votre chambre et vous laisser vous installer. Vous devriez aussi déplacer votre chariot de l'allée. Khalil pourrait le prendre pour le mien par erreur."
* * *
Plus tard dans la soirée, après que Père eut décidé d'aller faire un tour en ville pour rendre visite à quelques uns de nos contacts marchands, Idara et moi partageâmes un repas à la petite table. Entre de brefs regards que nous nous lançâmes, nous parlâmes des années que nous avions vécues séparément, et elle rit de mes histoires, m'encourageant à lui raconter davantage de mes voyages et de ma vie à Khal.
Alors que nous finissions, Idara nous servit du thé. "Tanir," demanda-t-elle, "pourquoi avoir été si surpris lorsque tu m'as vu ce matin ? Quand j'ai ouvert la porte, tu as agi comme si tu ne me connaissais pas." La lumière des bougies se réfléchissait dans ses yeux. La douce lueur caressait sa joue alors qu'elle me regardait.
"J'ai été surpris de voir à quel point tu as changé," ai-je répondu. "Tu n'étais pas du tout comme je m'y attendais."
"Tu ne t'attendais quand même pas à trouver une jeune fille aux cheveux attachés et à la frimousse barbouillée, n'est-ce pas ?" Elle sourit. "Je ne suis plus l'enfant que tu as connu, courant à travers les étalages. Cette époque enfantine est révolue."
"Je me souviens de toi au moment où je t'ai quitté," ai-je admis. "Une jeune fille sale sur la place du marché. Et aujourd'hui, je suis surpris par ta beauté. Mais agréablement surpris. Je ne crois pas avoir déjà vu quiconque d'aussi jolie." Mes joues rougirent alors que je prononçais ces mots, et j'eus peur d'avoir été trop loin.
"Tu es trop gentil, Tanir," dit-elle. Même avec cette lumière tamisée, je pouvais voir ses joues rougir. "Merci." Elle agrippa ma main, entrelaçant nos doigts. "On me l'a souvent dit – cependant, personne avec autant de sincérité que toi. C'est merveilleux de savoir qu'il existe encore des gens en ce monde qui disent ce qu'ils pensent. Cela me touche beaucoup." Elle serra ma main et me regarda pendant un long moment. "En fait, j'ai été également surprise de te voir. Je ne pouvais pas croire qu'un marchand aussi attirant et prospère que toi ne soit pas encore marié. Les célibataires de Khal ne doivent pas être aussi malignes qu'on le dit." Elle sourit alors, et une pensée lui traversa l'esprit. "Oh, j'allais oublier. Je voulais te montrer quelque chose. Tu te rappelles les lettres que tu as écrites à mon père ?"
Idara se leva et se dirigea vers un petit coffre dans un coin et l'ouvrit. Elle en sortit une liasse de papiers attachés avec de la ficelle et revint à la table. "Il a gardé toutes tes lettres. Ces dernières années, je l'ai surpris de nombreuses nuits, en rentrant à la maison, assis à cette table à les lire." Ses mains parcourent les lettres puis elle me les passa. "Je les ai lues. Tu étais très gentil avec lui. C'était un grand réconfort pour mon père de savoir que ton père et toi vous en sortiez bien." Assis côte à côte à la table, nous ouvrîmes quelques unes des lettres, et je lui expliquai plus en détail quelques incidents au sujet desquels je lui avais écrit. Idara mit à chauffer une autre bouilloire de thé, et les chandelles se consumèrent lentement.
Bien plus tard, alors que nous attendions le retour de mon père, je lui demandai ce qu'elle comptait faire au sujet de Khalil. Le visiteur de cette après-midi me préoccupait. Je voulais toujours l'aider, mais ne savais pas comment m'y prendre.
Idara se leva, plaçant ses mains sur la table. "Il est grand temps pour moi de partir," annonça-t-elle fermement. "J'ai tenu l'entreprise de mon père ces dernières années en espérant le voir reprendre goût à la vie. Maintenant qu'il est parti, il n'y a plus rien qui me retienne ici." Idara se dirigea vers la petite fenêtre et regarda à l'extérieur. Je m'écartai de la table et la rejoignis. Je la regardai.
"Si je – nous pouvons faire quelque chose pour toi, dis le moi." Elle se tourna vers moi et nos regards se perdirent l'un dans l'autre. Je plaçai ma main le long de sa joue et la caressai, la laissant glisser vers son cou. Elle ferma les yeux, et se pencha vers moi. Je l'enlaçai. Elle me regarda, et nos lèvres se joignirent alors que je la serrais contre moi. Notre baiser terminé, elle fit courir ses doigts dans mes cheveux. Nous nous écartâmes l'un de l'autre en entendant la porte s'ouvrir, et mon père rentrer.
* * *
Le matin suivant, nous nous préparâmes pour les funérailles. Mon père et moi nous vêtîmes de nos robes grises de deuil, après un frugal petit déjeuner consistant en du pain et un fruit. Idara était éblouissante dans sa robe rouge, dénotant son statut de membre de la famille endeuillé. Nous nous rendîmes au petit cimetière jouxtant le quartier des marchands. Quelques membres éloignés de la famille de Zulran étaient déjà là, se tenant près d'un cercueil sans ornement. Le prêtre parla brièvement, puis nous descendîmes le cercueil dans sa tombe, pendant qu'Idara remerciait chacun de sa présence. Beaucoup partirent ensuite, mais certains se joignirent à nous pour partager le repas funéraire. La pauvreté de Zulran ne permit pas un véritable festin, mais ses simples mets et quelque bon vin étaient suffisants pour le repas de cérémonie.
Les derniers invités partis, Idara, mon père et moi retournâmes dans la ville. Mon père désirait rendre visite à quelques membres de sa famille avant de retourner à Khal au matin. Il me demanda de me joindre à lui, mais je préférais rester auprès d'Idara. Nous passâmes l'après-midi à discuter. Je lui en dis plus sur notre activité commerciale, et la priai de venir à Khal avec nous. Mais elle insista pour rester à Ahgram. Je pressentais que ce n'était pas un choix judicieux, et que cela allait nous empêcher de nous revoir.
Tard dans la soirée, je décidai de lui faire part des mes préoccupations en espérant lui faire changer d'avis et la sauver d'une vie de pauvreté, voire de servitude. L'hiver s'était abattu sur Ahgram cette nuit. Des lambeaux de nuages traversaient le ciel, cachant la lune par intermittence. Je trouvais Idara sur la terrasse. Elle avait grimpé à travers la lucarne du grenier et se tenait sur le toit, observant les étoiles.
J'étais vêtu d'une tunique bleu nuit ainsi que d'un pantalon en lin. Malgré le froid, Idara portait une robe verte sans manches, ses cheveux ramenés en arrière et attachés par un ruban.
Je l'approchai, posant une main sur son épaule et l'autre à sa taille. Elle se pencha vers moi et soupira doucement, aucunement surprise par ma présence.
"Crois-tu que nous ayons un but ?" demanda-t-elle.
"Que veux-tu dire ?" répondis-je, humant le doux parfum de miel qui émanait de ses cheveux.
"Crois-tu que le temps qui nous est imparti a un but ?"
Mon cœur s'emballa. Pensant qu'elle parlait du temps qu'elle et moi avions partagé, je répondis prudemment. "Je pense que notre but à nous deux est quelque chose que nous devons trouver ensemble," lui ai-je dit. "C'est pourquoi je suis venu à toi ce soir. Je veux te demander ta main. Epouse-moi."
Elle se tourna vers moi. Je vis dans ses yeux quelque chose qui ne me laissa aucun doute, et mon enthousiasme retomba. "Tanir, je suis désolée… Je ne sais quoi dire. Je ne parlais pas de notre but. Je parlais du but de nos vies." Doucement, elle me caressa le visage de sa main, attirant mon visage vers le sien. Elle m'embrassa alors, fermant les yeux alors que nos lèvres se touchaient. Le baiser se termina mais sa main resta sur mon visage. "Nous avons beau vouloir de toutes nos forces que tout soit différent, c'est impossible."
"Je ne comprend pas," lui dis-je. "Je peux te rendre la vie. La vie que tu mérites. Je sais que tu as dit que la vie de marchand n'était pas pour toi, mais je suis sûr que c'était uniquement à cause de ce que tu as vécu ces dernières années. Tu ferais partie de notre entreprise." Je croisai son regard alors que j'insistais sur ce dernier point. "Tu aurais une part égale de notre commerce."
"Je sais que tu veux que je sois ta femme, ton associée, et que je quitte Ahgram. Une partie de moi le désire ardemment," me répondit-elle. "Je ne pourrais jamais te mentir en te disant le contraire. C'est une grande opportunité pour moi, mais je n'ai pas besoin qu'on me fasse l'aumône. Tu n'es pas le premier homme à franchir ma porte afin de me sauver."
"Ce n'est pas ça du tout !" bégayai-je.
"Je sais, Tanir," dit-elle tout en m'enlaçant. "Mais j'ai quelque chose à terminer ici. Ce qui se passe à Ahgram doit cesser. Je veux empêcher que ce qui est arrivé à mon père arrive à d'autres. Et tu ne peux pas m'aider dans cette entreprise." Je sentis ses larmes humidifier le tissu de mon épaule, et mes yeux s'embuèrent. "Tu ne vois pas comme c'est injuste."
"Je comprend ces problèmes," lui dis-je. "Tu m'a expliqué ce qui t'es arrivée, mais c'est différent à Khal." Nous nous écartâmes l'un de l'autre.
"C'est justement là qu'est le problème." Elle s'approcha de moi et toucha mes yeux précautionneusement. "Tu vois avec eux. Et tu ne vois pas avec ça," me dit-elle alors qu'elle touchait mon front, "et ça," continua-t-elle en posant sa main sur mon cœur. "Ta vie est trop différente maintenant pour comprendre. Tu n'as pas vu les souffrances, les injustices infligées à tant de gens. Tu ne peux le voir de là où tu es, et à cause de ce que tu es – un citoyen."
Ses mots, bien que blessants, reflétaient la stricte vérité. Je ne savais rien de la vie dont elle me parlait. Ma vie, même alors que nous vivions encore à Ahgram, était tout autre. On avait toujours été citoyens, et avions toujours pris pour acquis les privilèges qui nous étaient accordés. Je pouvais seulement acquiescer, sonné par ses paroles, son refus de ma proposition.
"Tanir," me dit-elle. "Ne perd pas espoir." Elle essuya une larme de ma joue. "Tu seras toujours présent dans mon cœur. Peut-être quand ma tâche sera terminée, les choses pourront être comme nous le souhaiterions."
Nous passâmes le reste de la soirée ensemble, savourant le temps qu'il nous restait. Les rires remplacèrent les larmes et j'écoutais plus volontiers ce qu'elle pensait de notre société et de son désir de la changer. Les bougies étaient presque entièrement consumées quand mon père rentra, nous trouvant l'un contre l'autre à la table. Il nous prit dans ses bras et promit à Idara qu'il l'aiderait.
Le matin suivant, nous partîmes pour Khal. Idara nous accompagna jusqu'aux portes où nous nous fîmes nos adieux. Je lui promis que je reviendrais. Et un jour, je le ferai. Le combat d'Idara n'est pas de ceux que l'on affronte seul.
A suivre
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