Capturé

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La taverne était plus calme maintenant. La foule était presque entièrement dissolue, quelques uns des clients qui semblaient être les plus négligés étaient tombés ivres morts dans leurs sièges au cours de la nuit, et la troupe de musique était partie depuis longtemps. Derrière le bar, l’aubergiste somnoler tranquillement.

Elandar était assis silencieusement dans sa chaise, dans le coin opposé de la pièce. Il regarde les deux hommes alors qu’ils descendaient l’escalier.

« Vous en avez mis du temps », dit le vieil homme.

« Nous parlions », répliqua Zanadar.

« Oh ? Est-ce que Pied Tendre s’est expliqué à propos de l’ivrogne ensanglanté ? »

« Oui. »

« Je suis juste ici, tu sais », le coupa Morgan.

« Donne moi ta clef, » dit Zanadar au ranger, « je vais les rendre ».

Morgan tendit à l’homme imposant les clefs de sa chambre. Il passa doucement derrière le bar, et marcha jusqu’à juste à côté de l’aubergiste endormi, là où des petits anneaux de métal pendaient du mur. Zanadar accrocha les clefs et avança sur la pointe des pieds pour rejoindre les autres.

« Ça n’est pas bien de frapper un ivrogne » constata Elandar.

« Il n’y avait aucun moyen de l’éviter », explique Morgan, « j’ai essayé de ne pas trop le blesser ».

« Oh, je suis sûr que tu as vainement essayé. Dès que l’andouille est prête, on peut y aller… si on rencontre en chemin des petits enfants ou des vieilles dames, tente de ne pas les frapper. »

« J’étais prêt à partir », dit Zanadar.

« Et donc, on attend quoi ? Allons nous occuper de ça. »

« C’est bon pour moi, montre moi le chemin vieil homme. »

Elandar souffla et s’appuya sur son bâton pour se lever. Ses articulations craquèrent bruyamment alors qu’il sortait par la porte de telle sorte qu’à son passage le vieil magicien ne put s’empêcher de retenir quelques injures.

Zanadar se recula tout en regardant Morgan. « C’est ça qu’on doit surveiller. Frustrant, non ? »

« J’ai entendu ! » cria Elandar de l’extérieur.

Les rues étaient presque vides, et elles allaient le demeurer jusqu’à l’aube. Avec le soleil, arrivait les travailleurs, marchands et voyageurs de toutes sortes – mais pour l’instant, la cité était calme. Ils avancèrent rapidement étant donné que les rues étaient peu peuplées, en passant de temps en temps devant des gardes ou des gavroches.

Bientôt la forge de Grodek était clairement visible. Un faible rougeoiement émanait des fenêtres sales, et l’appel familier du métal frappant du métal traversait le vivifiant air marin. Zanadar s’arrêta brutalement, et Morgan manque de lui rentrer dedans.

« C’est bizarre, » dit l’homme imposant.

« Quoi donc ? » demanda Morgan.

« Grodek ne travaille habituellement pas avant que le soleil ne se soit levé. »

« Peut être est il toujours en train de travailler sur ton épée ? » proposa le ranger.

« Peut être », répliqua Zanadar. Il ne semblait pas convaincu. « Mais ça serait très étrange de sa part. »

« Il est probablement saoul et ne sait pas quelle heure il est », dit Elandar.

« Ça, ça lui ressemblerait plus. »

L’homme avait presque fini de parler lorsqu’une série de bruits fracassants sortirent du bâtiment. Une profonde et hagarde voix criait à l’intérieur. C’était un cri humain, mais primitif, comme celui d’un animal se battant pour vivre.

« C’est Grodek », dit Morgan rapidement. Il laissa tomber son sac et se précipita jusqu’à l’entrée.

Morgan commença à parler, mais s’arrêter et courut derrière l’homme imposant. Il avait du mal à soutenir l’allure de Zanadar qui, malgré son armure et son harnachement allait étonnement vite. Morgan pouvait entendre de plus en plus de cris en s’approchant du bâtiment.

Zanadar abaissa son épaule en s’approchant de la lourde porte de bois. Il laissa s’échapper un rugissement et fonça avec force, emportant avec lui la porte et une partie non négligeable de son châssis. Dans un énorme fracas, la porte s’était littéralement arrachée du mur. Elle se brisa en éclats qui retombèrent bruyamment dans la forge. Zanadar se précipita tout de suite à l’intérieur, ne perdant pas une seconde.

À l’intérieur, il faisait noir. La seule lumière provenait des braises de la forge. L’intérieur du bâtiment avait été abîmé, visiblement frappé. La longue table centrale était renversée et la majorité des étagères et des casiers alignés le long du mur avait eu leurs contenus déversés sur le sol, ou étaient posés, cassés, sur le sol. Les outils du forgeron étaient éparpillés sur le sol, en désordre.

Une tension dominait l’atmosphère pesante de la pièce. Un homme était étendu, face contre le sol, près de la forge, immobile. Une grande épée brisée était posée à ses côtés.

Près de lui, Grodek se tenait recroquevillé, le dos contre le mur. La tête de l’homme trapu était salie, et elle saignait. Il tenait fermement son marteau, les dents découvertes. Ses bras musclés luisaient de sueur, reflétant la lumière orange de la forge. Ils se soulevaient et s’abaissaient avec ses épaules qu’il respirait profondément. Il sourit faiblement à l’homme imposant.

Quatre autres hommes étaient aussi dans la pièce, et regardaient la porte avec étonnement. Ils étaient vêtus d’habits noirs, et brandissaient une variété de simples gourdins et de petites épées.

Zanadar s’arrêta, et considéra la zone calmement pendant un moment. Morgan apparut derrière lui, regarda avec des grands yeux la porte complètement détruite.

« Il n’y a que peu d’issues à cette situation », expliqua calmement l’homme imposant. « Et je vais être honnête, aucune d’elles ne sont très agréables pour vous, messieurs. Mais si vous partez immédiatement, et que vous me promettez que je ne reverrais jamais aucun de vous…je laisserais peut être quelques uns d’entre vous continuer à respirer ». Il se baissa et ramassa du sol un large bout de bois qui appartenait à la porte et la tapota de manière suggestive. « Alors, qu’est ce qui va se passer ? »

Un des intrus, petit et crasse, sorti une dague de sa ceinture et la lança à travers l’air, en direction de Zanadar.

« Ce sont eux ! » cria l’homme.

Zanadar fit un pas de côté alors que la dague passait à côté de lui avant de se planter dans le mur juste derrière. Il sourit dangereusement et lança à l’homme qui avait lancé la dague un regard amusé.

« J’espérais que vous alliez dire ça. »

Le petit homme fouilla dans sa ceinture alors que Zanadar se précipitait sur lui, essayant désespérément de tirer une autre dague. Mais l’homme imposant allait trop vite, il recula et avec un fort grognement il prit une large planche et l’envoya avec un coup dévastateur directement en dessous du menton de l’homme. Celui-ci quitta le sol. Il retomba sur ses pieds avec un bruit sourds et resta ainsi.

La pièce entière commença immédiatement à s’agiter. Un homme au regard fou brandissant une massue se précipita sur Morgan. Les deux autres hommes, plus costaud, portant tous les deux une petite épée bien affûtée, s’approchèrent de Zanadar lentement.

Morgan fit un bond pour s’écarter du chemin, alors que l’homme corpulent avançait vers lui avec sa massue. Il fit un pas sur le côté et laissa tomber son sac sur le sol, il n’a pas eu le temps de prendre les armes qui étaient dedans. Il perdait trop rapidement du terrain, et avait besoin de trouver une solution.

« Attrape ! », entendit-il de la voix de Zanadar.

L’homme corpulent ignora le cri et leva ses armes au dessus de sa tête, prêt à frapper à nouveau. Pour un bref moment, une large forme noire apparut au dessus de l’attaquant. Morgan s’arque bouta alors que l’homme tournoyait sur lui-même, juste à temps pour voir le corps d’un autre des intrus venir s’écraser au dessus de lui. Les deux hommes tombèrent durement sur le sol, dans une pagaille de genoux et de coudes. L’homme au regard fou griffa violement l’homme inconscience à ses côtés, essayant de se libérer.

Morgan regarda à travers la pièce pour trouver Zanadar. Le petit homme était toujours étendu, inconscient, sur le sol. Le plus grand tentait de se relever, avec un regard vengeur. Il se releva et lança sa petite épée sur l’homme imposant, dans un élan de rage. Zanadar s’écarta sans effort de la trajectoire de l’épée et fit s’écraser la blanche de bois sur la tête de l’homme. Un bruyant claquement se fit entendre dans la pièce alors que la planche de bois se brisait en deux.

L’homme imposant croisa du regard le ranger, puis il sourit et haussa les épaules innocemment. Il lâcha la pièce de bois maintenant inutile alors que l’intrus s’effondrait au sol.

L’homme au regard fou fini par arriver à se relever d’en dessous de l’homme inconscient, et bondit sur ses pieds, prêt à se battre. Il survola des yeux la pièce pendant un moment, puis lâcha sa massue et se précipita vers la porte de sortie.

« Ne le laisse pas s’en aller ! » cria Zanadar.

Morgan visa attentivement, et lança un crochet de métal sur le fuyard. Ça le frappa brusquement derrière genou, pliant sa jambe. Il tomba et s’écroula à travers le châssis de la porte, et sa tête frappa le sol à l’extérieur. Il se retourna et chercha à atteindre le couteau dans sa ceinture, mais rencontra à la place le bout d’un vieux bâton usé, qui le cogna douloureusement au front et le plongea dans l’inconscience.

Elandar, portant le sac à dos de l’homme imposant, entra en enjambant le corps, et observa les alentours.

« C’était facile », dit il prétentieusement alors qu’il posait les sacs sur le sol. « Quelle bande d’amateurs. »



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